dimanche 24 janvier 2016

2016-01-24 - C - 3ème dimanche du temps ordinaire - « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture » (Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21)


3ème dimanche du Temps Ordinaire
1ère lecture : « Tout le peuple écoutait la lecture de la Loi » (Ne 8, 2-4a.5-6.8-10)
Lecture du livre de Néhémie
En ces jours-là,
    le prêtre Esdras apporta le livre de la Loi
en présence de l’assemblée,
composée des hommes, des femmes,
et de tous les enfants en âge de comprendre.
C’était le premier jour du septième mois.
    Esdras, tourné vers la place de la porte des Eaux,
fit la lecture dans le livre,
depuis le lever du jour jusqu’à midi,
en présence des hommes, des femmes,
et de tous les enfants en âge de comprendre :
tout le peuple écoutait la lecture de la Loi.
    Le scribe Esdras se tenait sur une tribune de bois,
construite tout exprès.
    Esdras ouvrit le livre ;
tout le peuple le voyait, car il dominait l’assemblée.
Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout.
    Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand,
et tout le peuple, levant les mains, répondit :
« Amen ! Amen ! »
Puis ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant le Seigneur,
le visage contre terre.
    Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu,
puis les Lévites traduisaient, donnaient le sens,
et l’on pouvait comprendre.
    Néhémie le gouverneur,
Esdras qui était prêtre et scribe,
et les Lévites qui donnaient les explications,
dirent à tout le peuple :
« Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu !
Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas ! »
Car ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi.
    Esdras leur dit encore :
« Allez, mangez des viandes savoureuses,
buvez des boissons aromatisées,
et envoyez une part à celui qui n’a rien de prêt.
Car ce jour est consacré à notre Dieu !
Ne vous affligez pas :
la joie du Seigneur est votre rempart ! »
    – Parole du Seigneur.
2ème lecture : « Vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps » (1 Co 12, 12-30)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères,
    prenons une comparaison :
notre corps ne fait qu’un,
il a pourtant plusieurs membres ;
et tous les membres, malgré leur nombre,
ne forment qu’un seul corps.
Il en est ainsi pour le Christ.
    C’est dans un unique Esprit, en effet, que nous tous,
Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres,
nous avons été baptisés pour former un seul corps.
Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit.
    Le corps humain se compose non pas d’un seul,
mais de plusieurs membres.
    Le pied aurait beau dire :
« Je ne suis pas la main,
donc je ne fais pas partie du corps »,
il fait cependant partie du corps.
    L’oreille aurait beau dire :
« Je ne suis pas l’œil,
donc je ne fais pas partie du corps »,
elle fait cependant partie du corps.
    Si, dans le corps, il n’y avait que les yeux,
comment pourrait-on entendre ?
S’il n’y avait que les oreilles,
comment pourrait-on sentir les odeurs ?
    Mais, dans le corps,
Dieu a disposé les différents membres
comme il l’a voulu.
    S’il n’y avait en tout qu’un seul membre,
comment cela ferait-il un corps ?
    En fait, il y a plusieurs membres,
et un seul corps.
    L’œil ne peut pas dire à la main :
« Je n’ai pas besoin de toi » ;
la tête ne peut pas dire aux pieds :
« Je n’ai pas besoin de vous ».
    Bien plus, les parties du corps qui paraissent les plus délicates
sont indispensables.
    Et celles qui passent pour moins honorables,
ce sont elles que nous traitons avec plus d’honneur ;
celles qui sont moins décentes,
nous les traitons plus décemment ;
    pour celles qui sont décentes,
ce n’est pas nécessaire.
Mais en organisant le corps,
Dieu a accordé plus d’honneur
à ce qui en est dépourvu.
    Il a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps,
mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres.
    Si un seul membre souffre,
tous les membres partagent sa souffrance ;
si un membre est à l’honneur,
tous partagent sa joie.
    Or, vous êtes corps du Christ
et, chacun pour votre part,
vous êtes membres de ce corps.
    Parmi ceux que Dieu a placés ainsi dans l’Église,
il y a premièrement des apôtres,
deuxièmement des prophètes,
troisièmement ceux qui ont charge d’enseigner ;
ensuite, il y a les miracles,
puis les dons de guérison,
d’assistance, de gouvernement,
le don de parler diverses langues mystérieuses.
    Tout le monde évidemment n’est pas apôtre,
tout le monde n’est pas prophète, ni chargé d’enseigner ;
tout le monde n’a pas à faire des miracles,
    à guérir, à dire des paroles mystérieuses, ou à les interpréter.
    – Parole du Seigneur.

Evangile : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture » (Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia.
Le Seigneur m’a envoyé,
porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux captifs leur libération.
Alléluia.
(Lc 4, 18cd)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Beaucoup ont entrepris de composer un récit
des événements qui se sont accomplis parmi nous,
    d’après ce que nous ont transmis
ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires
et serviteurs de la Parole.
    C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi,
après avoir recueilli avec précision des informations
concernant tout ce qui s’est passé depuis le début,
d’écrire pour toi, excellent Théophile,
un exposé suivi,
    afin que tu te rendes bien compte
de la solidité des enseignements que tu as entendus.
    En ce temps-là,
lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit,
revint en Galilée,
sa renommée se répandit dans toute la région.
    Il enseignait dans les synagogues,
et tout le monde faisait son éloge.
Il vint à Nazareth, où il avait été élevé.
Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat,
et il se leva pour faire la lecture.
    On lui remit le livre du prophète Isaïe.
Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :
    L’Esprit du Seigneur est sur moi
parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction.
Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux captifs leur libération,
et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue,
remettre en liberté les opprimés,
    annoncer une année favorable
accordée par le Seigneur.
    Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit.
Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
    Alors il se mit à leur dire :
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture
que vous venez d’entendre »
    – Acclamons la Parole de Dieu.


Les textes d’aujourd’hui nous interpellent, sur l’importance de la Parole de Dieu dans la vie de chaque chrétien.

C’est ce qui apparaît tout d’abord dans la première lecture tirée du livre de Néhémie.

Nous sommes vers l’an 400 avant Jésus Christ… autant dire très près de sa naissance, si on compare à Moïse qui est mort environ 1200 ans avant Jésus Christ.

Moïse avait annoncé la terre promise et c’est ce même Moïse qui avait reçu la Parole de Dieu et l’avait transmise à son peuple.

Dans le livre de Néhémie, tout cela est bien loin… Tout est effondré…
La terre promise si chèrement conquise est passée sous tutelle étrangère, le temple de Dieu a été détruit et les nations voisines sont devenues si puissantes qu’on se demande comment cela va finir…

Le peuple se demande donc ce qu’il va devenir et se souvient avec nostalgie des jours où il était un peuple glorieux en pleine expansion.

Nous sommes environ 2500 plus tard et il peut nous sembler, à nous chrétiens, que nous en sommes revenus au même point…

Nous pourrions nous demander où est l’époque bénie où nos églises étaient pleines… l’époque où il y avait parfois plusieurs prêtres pour un seul clocher… l’époque où, si je puis dire, tout le monde était chrétien…
« Ah, la belle époque… » se disent encore certains !

Et tout comme le peuple du livre de Néhémie, il nous arrive sans doute de nous souvenir avec nostalgie de ces jours où les choses nous semblaient plus simples et même plus prometteuses…

Et la comparaison ne s’arrête pas là…
Le texte de Néhémie nous dit que les Lévites traduisaient ce que lisait Esdras et donnaient le sens de la Parole de Dieu…
Il faut dire qu’après le long exil de Babylone – cinquante longues années - , beaucoup ne connaissaient plus cette parole... Beaucoup ne connaissent même plus l’Hébreux dans lequel est écrite cette Parole.

Sommes-nous si différents ?

Certes nous n’avons pas connu l’exil…
S’agissant de notre époque, il s’agit sans doute d’avantage d’un abandon du à la volonté d’une créature de se séparer de son créateur, jetant au passage aux orties tout ce que le dit créateur lui avait laissé de bien et de bon… La Bible… Les commandements… la Messe et tout le reste.

Et de fait, la Parole de Dieu est inconnue à nombre d’entre nous…
Elle l’est même bien souvent pour ceux qui continuent à se dire chrétiens mais qui n’ont plus ni la pratique de la Messe et de la Sainte Eucharistie ni même celle de la Parole de Dieu.

Ces mots semblent sans doute tomber comme un jugement et pourtant dans mon esprit il n’en est rien… C’est un constat… Un constat qui me permet, tout comme le fait Néhémie de nous aider à nous tourner vers l’avenir plutôt que de nous lamenter sur le passé…

Car dans le texte qui nous est proposé, on nous dit également, on nous dit surtout, on nous le répète même, qu’une « assemblée, composée des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre » se pressait pour écouter cette Parole et les explications des Lévites…

Ces gens, exilés, démoralisés, affaiblis, ont besoin de donner un sens à leur vie et ce sens c’est la Parole de Dieu qui peut le leur donne…

Là encore le parallèle est facile à faire…

Que ce soit en nous parlant du désœuvrement des jeunes, des guerres et de la violence qui sévissent un peu partout dans le monde et même à nos portes, les médias nous disent chaque jour d’avantage à quel point les hommes et les femmes de notre temps ont eux aussi besoin de trouver un sens à leur vie.

Le texte de Néhémie est là pour nous dire que c’est dans l’Evangile que nous pouvons trouver ce sens…

Lire, écouter, partager, la Parole de Dieu est absolument essentiel.

En elle, c’est Dieu qui nous parle… une fois de plus, c’est lui qui vient à nous, c’est lui qui dans ces textes donnés aux hommes, vient nous dire combien il nous aime et combien il nous veut heureux.

Si nous prenons le temps de la lire régulièrement, c’est une Parole qui peut nous bouleverser, une parole qui bien souvent nous révèle à nous même tels que nous sommes en nous faisant toucher du doigt nos qualités mais également nos limites…

C’est une rencontre avec le Seigneur et cette rencontre est source de joie.
Lire la Parole de dieu, c’est conforter l’espoir que l’on a en soi ou retrouver celui que l’on a peut-être perdu.

C’est pour cette raison que dans le texte, Esdras invite les gens à faire la fête…
Malgré toutes les déceptions endurées, le peuple découvre dans la Parole le fait que Dieu continue à l’aimer…

Dans le monde qui nous entoure et qui va plus vite chaque jour ; combien sommes-nous encore à lire La Parole de Dieu une fois par jour, une fois par semaine ou même une fois par mois.

Très souvent ne nous contentons nous pas de l’entendre à la messe le samedi/dimanche ?

Et je dis bien l’entendre et non pas l’écouter… c'est-à-dire entendre quelqu’un qui lit mais qui lit quoi ?

Ne nous arrive-t-il pas souvent, quand arrive l’homélie, de déjà ne plus nous souvenir de ce qu’était le texte de la première lecture ?

Quel sens peut alors donner à notre vie quotidienne une parole à peine entendu une fois par semaine ?

De la même façon que cela nous est dit dans le texte de la première lecture, comment pouvons-nous garder l’espoir en demain si nous ne nous approvisionnons pas de sens à la source qu’est la Parole de Dieu ?

Même dans une vie très remplie, de parents, de professionnel et même de retraités, il est toujours possible de trouver quelques minutes chaque jour, quelques dizaines de minutes chaque semaine pour lire, méditer et s’enrichir de La Parole de Dieu.


Dans l’Evangile de ce dimanche, Jésus entre dans la synagogue et se lève pour faire la lecture.

Il lit un passage on ne peut mieux choisi : « L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu'ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. »

Depuis Noël nous le savons : C’est lui la Parole vivante de Dieu…
Il est venu annoncer une bonne nouvelle qui ne s’adresse pas qu’à une élite mais à tous les hommes… Riches ou pauvres… Vertueux ou pécheurs…

Les pauvres dont il parle sont ceux qui bien sûr ne possèdent rien, mais également ceux qui se sentent pauvres parce qu’ils n’existent pas aux yeux des autres, parce qu’ils ne sont pas ceci ou cela…

Les captifs, ce sont avant tous ceux qui ne savent plus comment se sortir d’une situation dans laquelle ils se sentent tellement malheureux…

Les aveugles, ce sont ceux qui n’ont les yeux rivés que sur leurs propres difficultés et qui ne savent plus regarder les autres…

Les opprimés sont ceux qui souffrent du regard ou du comportement des autres…

A chacun d’entre eux et à chacun d’entre nous Jésus est celui qui apporte la bonne nouvelle de l’Evangile.

Vous le voyez, les lectures d’aujourd’hui nous invitent à remettre La Parole de Dieu au centre de nos vies.

Partout, des familles, des amis, des groupes de chrétiens retrouvent ce goût de la lecture et du partage de la Parole de Dieu…

Et nous ? Le faisons-nous ?
Si ce n’est pas le cas, qu’attendons pour mettre cette saine lecture au cœur de notre quotidien ?

Nous sommes encore en janvier et il n’est pas trop tard pour prendre de bonnes résolutions…

Nous sommes au troisième dimanche du temps ordinaire…
Ce temps qui, comme j’ai déjà eu maintes occasions de le rappeler, est l’occasion pour chaque chrétien de revisiter les fondements de sa foi…

Alors laissons-nous interpeller chaque jour par ce cadeau splendide que Dieu lui-même nous a laissé…
Laissons nous interpeller jour après jour par une Parole qui donne sens à notre vie…

Redécouvrons chaque jour ces textes que nous croyons connaître mais que bien souvent nous ne connaissons pas ou que nous avons oubliés… Puisons sans limite à la source que Dieu nous offre…

10 minutes par jour… par exemple avant de nous avachir devant la télévision…
10 minutes par jour… avant de démarrer la journée ou pour la terminer…

10 minutes par jour… C’est tout ce qu’il faut pour conserver ou retrouver un sens à notre vie.

Amen